Pourquoi écrire sur les rencards les plus honteux de ma vie amoureuse? De manière générale, quand il m’arrive un fiasco amoureux, je préfère en rire. Quand le rendez-vous est vraiment glauque et que la désillusion vers le grand amour est forte, je préfère alors écrire et vous faire rire, c’est quasi thérapeutique. Je décortique la scène, les protagonistes, je comprends ce que j’en ai à comprendre et je digère pour passer à autre chose.
Classiquement, le combo gagnant pour un rencard bien sordide est une subtile synergie entre problèmes d’argent, d’alcool et de dysfonction érectile. Par argent, j’entends surtout le versant radin bien sûr, si possible chez un homme fortuné, c’est plus cocasse. Alors, aux antipodes d’Amour, Gloire et Beauté, plantons le décor d’Alcool, Argent et Débandade, la série passionnante de mes fiascos amoureux.
Les héros des rencards honteux
La femme célibataire de 40 ans
D’abord, ne m’oublions pas dans ce huit clos. C’est quand même moi qui me retrouve dans ce genre de rencards honteux. D’autres femmes célibataires, plus perspicaces que moi, savent les éviter. Pour me décrire : je suis séparée, maman à mi-temps, j’ai la quarantaine, mon profil plaît sur les applis de rencontre, mais dans la vraie vie c’est une autre paire de manches pour faire une rencontre amoureuse sérieuse. Je serais trop féministe, trop indépendante, pas assez riche, trop riche, trop amoureuse, pas assez investie, trop mauvaise cuisinière, pas si grosse que ça…j’en passe et des meilleures.
Je me targue de vivre une vie saine, épanouie, je suis experte en développement personnel et je me retrouve quand même dans ces situations bien merdiques avec les hommes. Comme je hais les sites et applications de rencontre sur internet, je drague dans la vraie vie, en local, c’est plus écologique. C’est comme ça que j’ai rencontré Jules à l’école de mes enfants.
La maîtresse avait eu une attention délicate pour bien stigmatiser les enfants de couples séparés. A Noël, elle leur avait fait réaliser 2 sapins en cartons pour leurs 2 foyers. Pas moyen donc de le refiler à leur père cette année ! Ce sapin en carton un peu moche, réalisé avec amour par mon fiston, j’allais devoir le garder éternellement. Donc, je récupère mon fiston avec ses 2 sapins de Noël, quand la majorité des enfants n’en a qu’un. Même si j’assume mon style de vie, je me sens bien mal à l’aise dans le couloir de l’école maternelle. Et là, je tombe sur Jules, que je connais un peu de vue et qui remarque dans un sourire, « Ah mais toi, tu as DEUX sapins de Noël, je ne savais pas ! « .
Voilà, voilà, merci maîtresse pour l’effet secondaire de ces 2 sapins, qui me vaudra un bon rencard bien glauque à l’été suivant.
L’homme très fraîchement séparé
Jules, donc, avait repéré sa future proie, grâce à ses 2 sapins de Noël. Homme sexy à souhait, sportif, galbé et imposant, il a quand même dû attendre que sa femme quitte définitivement le foyer conjugal avant de m’inviter chez eux, ….pardon, chez lui. Le camion des déménageurs de sa femme ayant atteint la moitié de la France, Jules m’invite donc à passer notre deuxième rencard ensemble chez lui. Ce détail dans le timing a son importance pour la suite. Pour ceux qui jugent cela un peu précoce, vous aurez compris qu’on n’était pas dans une histoire d’amour romantique et que la morale et la fidélité explosent aussi en vol avec le divorce.
Me voilà donc, toute pimpante et euphorique, chez Jules, par une belle soirée d’été, dans une très jolie et vaste maison isolée en campagne, à 5 minutes de chez moi. Pour sauver les apparences, il souhaite que je me gare dans son garage…on ne sait jamais, les voisins pourraient se marrer de cette chronologie. J’approuve totalement la démarche, inutile de prendre le risque de blesser encore plus sa femme, je pense aussi aux enfants. Ce n’est pas tout de se séparer, il faut assumer la garde alternée ensuite. La manoeuvre est un peu délicate pour se garer dans ce jardin en restanques.
Le « célibataire » pas encore divorcé
Je trouve sympa de vous présenter aussi Valentin à l’occasion de cet article sur mes déboires amoureux. Puisque lui aussi s’est révélé être un bon candidat pour alcool et débandade. Vous notez qu’il manque radinerie pour que ce soit complètement minable, j’y vois là un signe de dé-nazification. Mes dates sont de moins en moins pires, quand même, avec les années, je suis en chemin, c’est sûr ! J’y crois encore au grand Amour, à la confiance et à la complicité.
Valentin a aussi l’énorme avantage d’être un homme de catégorie A, qui me fait chavirer et me rend instantanément stupide. Cela fait plus de 10 ans que je le connais, dragué dans mon écosystème aussi, professionnel cette fois. Lui, je n’ai pas raté la fenêtre de tir quand il m’a annoncé son divorce : le laisser se remettre, mais le choper avant qu’une autre ne le fasse. Je m’étais donné 1 an pour coucher avec, mais le bon SMS, bien copywrité, au bon moment, m’a permis d’atteindre mon objectif en à peine un trimestre. Je commence à appliquer des techniques de marketing digital à ma vie amoureuse, quitte à se former, autant que ça serve.
Bon, il y avait tout de même un petit problème, efficacement réglé. Valentin vivait encore au domicile conjugal quand on s’est rencontré. À peine 2 mois après, il m’invite pourtant à passer une soirée dans son tout nouveau chez lui. Je vous refais donc le coup de la maison presque isolée, vide en tout cas, dans un village que je ne connais pas, et par une belle soirée d’été, où j’arrive toute pimpante et euphorique. Je me suis garée à l’autre bout du village, fête foraine oblige, il ne faudrait pas que les voisins se marrent de cette chronologie ou que sa femme ait l’idée de passer devant le jardin. Enfin, vous connaissez la musique, moi aussi, trois ans se sont écoulés depuis Jules n°1 et je commence à sérieusement regretter la couleur flashy de ma voiture.
Le rencard honteux dans une maison isolée
La phase de séduction
Revenons à Jules. Jules, ingénieur se vantant de son salaire confortable, me reçoit avec un cubi de rosé, dont il est très fier et paye la pizza avec les points accumulés sur les cartons, dans le passé de sa vie de famille. Le cubi, pardon bag-in-box, présente un excellent avantage, en dehors de son tarif attractif, c’est qu’on ne voit pas le niveau descendre. Je le trouve quand même très beau, très désirable, il est sur son 31. Il nous sert à boire. Le cubi est déjà entamé bien sûr.
Il a un grand canapé panoramique, s’assoit loin de moi. Aucun contact physique possible. Je suis déçue. Il commence un long monologue. Son discours est peu intéressant. Il est pétri de certitudes et ne s’intéresse pas à moi. Il se relève souvent jusqu’au frigo. Glouglouglou. Le rosé coule en même temps que son monologue s’allonge. Aucune interaction entre nous, aucune complicité, je suis condamnée à m’ennuyer.
Quels préliminaires ?
Glouglouglou. À un moment, il réalise quand même qu’il a envie de sexe. Il me pose une question, sans doute une sorte de préliminaire, et coupe ma réponse. Jules passe aux choses sérieuses. Il est vrai que je m’enflamme sans difficulté pour son corps, ma libido est explosive depuis ma séparation. C’est un athlète du sexe. Pas de dysfonction érectile chez lui, mais pas un rapport très équilibré à la sexualité non plus. Toutes les positions du Kama Sutra y passent. Il vit le sexe pour son côté sportif, l’exploit, la performance, le record. Il jouit. Pas moi. Il le note.
Glouglouglou le rosé. Il commence à râler que ne je boive pas plus. Je suis passée à l’eau depuis longtemps. Je ne bois jamais beaucoup. Jules veut me resservir sans cesse, mais je bosse le lendemain, je décline. Sans être chirurgien, ni contrôleur aérien, il faut que je sois un minimum opérationnelle.
On se rassoit dans le canapé panoramique, à distance l’un de l’autre. Il parle. Glouglou. 1 heure du matin. Jules revient vers moi. Il est plus coriace cette fois. Il met plus longtemps à jouir. Le plaisir est intense de mon côté, mais je ne jouis pas. Glouglou. Il allume la télé. Et merde, la télé, il ne manquait plus que ça. Il parle. Il se répète. 3 heures du matin. J’en ai marre. J’impose qu’on aille se coucher. Glou glou. On finit enfin au lit.
L’appel du lit
Jules est devenu lourd et sombre, il est beaucoup moins sexy, son regard a changé. Il est devenu rustre et commence sérieusement à me gonfler. Il me propose juste une dernière fois, très douce, très tendre avant de s’endormir et commence à me caresser. Je sais que la suite est moche. D’abord, moche à lire et ça me coûte de l’écrire, croyez-moi. Bon, l’alcool et la fatigue aidant, je me convaincs que le faire jouir une dernière fois est sans doute le meilleur moyen de dormir vite.
Ma bouche s’occupe de la suite des évènements, quitte à le faire jouir, autant que ça aille vite. Il aime parler lors des rapports ? Facile, je pense l’exciter d’un cran en lui soufflant « tu aimes ça, hein ? ». Et là mes Desperate. Scène culte. Au sommet de ma honte sexuelle. Point de non retour, qui a cependant eu le mérite d’être radical. Plus jamais je n’ai ensuite accepté le célèbre devoir conjugal, même pour dormir vite.
Le dernier câlin
« Tu aimes ça, hein? » Contre toute attente, Jules … s’énerve ! Évidemment que j’aime ! Quel homme n’aime pas se faire sucer….! T’en as de ces questions et j’ exige 8 orgasmes!”. Je suis sidérée : “8 orgasmes, t’es pas sérieux?”. Lui, sombre, “oui, j’exige 8 orgasmes”. J’essaye de l’apaiser : “mais non, tu sais, je ne maîtrise pas mes orgasmes comme ça, on ne se connait pas beaucoup, je prends énormément de plaisir, ça me suffit”. Il devient fou de rage “J’exige 8 orgasmes, j’en ai marre que tu ne jouisses pas, je me donne un mal de chien et tu ne jouis jamais, j’arrêterai pas tant que t’auras pas joui 8 fois”.
J’exige 8 orgasmes
J’explose aussi. Ça suffit. Je le laisse sur sa quille. Je me rhabille, récupère mes clés et lui dis « je rentre ». Il est furieux, se met à hurler « Tu ne vas pas me quitter sans explication comme ma femme ». Ma colère fait place instantanément à la peur. Je retrouve mon sang froid. Il pourrait devenir violent. Je suis dans une maison isolée, il est 3 heures du mat, Jules est complètement ivre. Je trouve la ressource pour le rassurer tout en restant inflexible.
Moi, d’un ton calme : « Non, je te promets que je ne te laisserai pas sans explication. Je suis simplement fatiguée. Je souhaite rentrer chez moi. Promis, je t’appelle demain pour que l’on discute tranquillement, mais pas maintenant. Peux-tu m’ouvrir la porte de ton garage, s’il te plaît? ». Je tremble, je ne sais pas s’il va accepter ou s’approcher de moi et me violenter. Il voit que je me tiens loin de lui et que j’ai peur et ça le désarçonne aussitôt. « Je te fais peur? Mais, enfin, tu me connais, nos enfants sont dans la même classe, tu sais bien que je n’ai jamais levé la main sur personne, tu es injuste de penser ça« . Il réalise que ma peur est légitime et me raccompagne sans un mot au garage.
Girlpower rate sa manoeuvre
Je suis quand même fière de moi. Même si c’était tardif, j’ai fini par me respecter. Je ne suis pas restée dans cette ambiance sordide et je me sens plus forte et rassurée dans ma voiture. Je commence à manoeuvrer pour sortir du garage.
Il beugle : « mais pas comme ça, enfin, braque, braque ! «
#Girl power, je pars la tête haute…mais je n’arrive pas à faire la manœuvre pour sortir de son garage, la droite, la gauche, braquer, contrebraquer, je n’ai jamais compris. J’en ris. Il se décrispe. Je fais hurler le moteur pour ne pas caler. Je l’entends brailler “ les voisins!!!”.
3h30 je me couche enfin chez moi, soulagée d’être débarrassée de ce gros lourdeau alcoolisé mais écoeurée de tomber encore dans ce genre de galères sentimentales à mon âge. Je me trouve franchement naïve et honteuse, je me déçois de mon manque de perspicacité. J’ai l’impression que toutes les autres femmes auraient compris avant moi et auraient eu le courage de se barrer avant. Me reviennent pourtant les images atroces du film « A star is born » avec Lady Gaga et Bradley Cooper, particulièrement la scène où Jack s’urine dessus aux Grammy Awards (je vous la mets en bas de l’article, elle est insoutenable, je vous ferais fuir).
Du rencard honteux à la franche désillusion
Le démarrage optimiste
Pour Valentin, le cas est différent. Je le connais bien. Je sais qu’il est fiable, gentlemen et attentionné. C’est donc avec l’excitation que vous imaginez, que je le rejoins dans son tout nouveau chez lui. J’ai l’impression qu’on va poser les premières pierres de notre future histoire d’amour. Je suis à mille lieues d’imaginer écrire cet article sur le pire date de ma vie le lendemain.
Valentin est en pleine séparation. Divorcer est extrêmement banal dans notre société et pourtant d’une violence insoupçonnée. Mes chères Desperates, si vous me lisez, vous savez ce que je veux écrire. La première nuit chez soi, dans son nouveau logement vide, avec souvent la perte matérielle subie, est un vrai traumatisme. On passe d’une maison familiale retapée pendant 10 ou 20 ans, confortable, débordante de souvenirs chaleureux, à un petit appartement désert, sans vie, où nos pleurs résonnent dans le vide matériel, amoureux et social.
Le rendez-vous dans la nouvelle maison
Grâce à la fête foraine, je randonne donc de ma voiture à sa nouvelle petite maison pour rester discrète et j’arrive tout sourire. Il est tout sourire aussi, mais son accueil est inhabituel. Visiblement, il sort de la douche. Il me prend dans ses bras dans la rue et me remercie d’être là pour lui, dans l’épreuve de son emménagement. Je n’aime pas son odeur aujourd’hui, ni son haleine. Il se reprend vite et me cache dans son salon. On pourrait me voir dans le jardin. Ambiance. Il me fait visiter et m’expose ses projets de rénovation. C’est son travail, Valentin vit de l’achat revente immobilière, cela n’est pas un détail dans le fiasco amoureux du jour.
Ainsi, Valentin achète, fait retaper et revend des biens immobiliers. Il aime le beau, le design, les volumes, la lumière. De le voir là, dans cette petite maison décorée à la mode des années 80 nous déclenche un vrai fou rire. Le papi qui habitait là, a bricolé des placards, des niches, des fresques et des rosaces partout. Hyper moches. Le bleu des murs est un bleu Pampers, franchement loin d’un bleu Cobalt tendance. Une maison qui a du potentiel, en somme (phrase consacrée, quand tu ne veux pas dire qu’une maison ne te plaît pas). Je le connais trop pour savoir à quel point le choc doit être rude pour lui, de vivre ici. Mais il rit beaucoup. Beaucoup trop d’ailleurs. Je le pousse sur sa literie flambant neuve, ma libido est toujours à son top, merci.
Le déboire amoureux
Ça se confirme, sa transpiration est inhabituelle, ses caresses sont grossières alors qu’il est habituellement hypersensuel et fin, ses mots sonnent vides et il se répète. Et mince, il est ivre. Il ne bande pas, tant mieux. Il s’excuse d’être épuisé. Je ne lâche pas l’affaire si facilement. Je lui réponds qu’il a surtout trop bu. Il le reconnait, avant de s’endormir comme une masse et de se mettre à ronfler. Je me sens honteuse de vivre cette déchéance.
Cela ne fait même pas une heure que je suis arrivée, il est 22h18. Tu parles de fondations pour notre future relation durable. J’hésite à partir. J’ai peur qu’il se fâche aussi et je dois de nouveau randonner jusqu’à ma voiture et conduire jusqu’à chez moi. J’ai un coup de flemme. Tant que je n’ai pas à coucher avec cet homme alcoolisé, ça me va. Je décide de rester. Je papote avec son chien. J’écris cet article dans ma tête. Je ronge ma frustration et ma déception. Je dors les yeux ouverts et le cerveau à l’affût dans ce lit king size. J’ai beau me refaire le film, je ne vois pas trop comment j’aurais pu anticiper ce rencard foireux, tous les voyants me semblaient au vert et ils viennent de virer rouge vif. Je me demande ce que j’ai manqué et je cogite. Je repense à ce gros lourdeaud de Jules, 3 ans auparavant….Flashback.
Jules est alcoolo-dépendant
L’appel sincère
Avec Jules, nous nous sommes bien appelés le lendemain du date minable, comme prévu. Il veut savoir pourquoi les femmes le quittent sans se justifier?
Pour moi, l’affaire est entendue. J’ai fait le lien des moments passés ensemble lors de nos deux rencards et je réalise qu’il souffre d’une addiction à l’alcool. Parfois, il a essayé de se contrôler en buvant excessivement lentement. Parfois, il a descendu des litres. Jamais, il n’a eu un rapport sain à l’alcool, même dans son discours. Rien à voir avec une soirée trop arrosée. Il noie ses angoisses dans l’alcool quotidiennement. Il m’inspire une grande tristesse. L’alcool a vraisemblablement ruiné son mariage et son relationnel avec ses enfants qui doivent morfler, alors que je devine une grande sensibilité chez lui, malgré tout. Je lis tout ce que je trouve sur la dépendance alcoolique, car c’est une problématique que je ne connaissais pas encore. D’ailleurs, si vous voulez tester votre dépendance à l’alcool, je vous conseille cette auto-évaluation des Alcooliques Anonymes.
Je suis stressée par cet appel. Je ne sais pas du tout quelle réaction il va avoir, ni comment aborder ce sujet délicat, avec cet homme qui s’énerve facilement. Notre discussion est pourtant longue et authentique. Ce sera la seule vraie discussion sincère qu’on aura ensemble. Il est à jeun sans doute.
La puissance de l’addiction
Au bout d’un moment, Jules reconnaît à demi-mot son addiction. Il s’excuse de m’avoir mise dans cette situation. Il dit qu’il m’apprécie sincèrement et qu’il veut se faire pardonner en m’invitant au restaurant et pour une sortie paddle. Comme il est à tendance pingre, je vois qu’il fait un gros effort pour se faire pardonner.
Je refuse catégoriquement de le revoir s’il boit. Il comprend et propose une solution inattendue : qu’on ne se voit qu’en journée. Il ne boit jamais le matin, ce qui est bien la preuve qu’il maîtrise sa consommation, selon lui. J’en tombe des nues. Le mec est tellement lucide qu’il n’essaye même plus de promettre qu’il ne boira pas en soirée.
Lors du déjeuner que j’accepte, il négocie tout de même une bière. Il commande une pinte. Je tique. Il s’agace. Il rétorque qu’une bière c’est rien, qu’il tient bien l’alcool, lui. Je crois qu’il a le cerveau vraiment atteint. J’en ai la preuve au paddle. La sortie est un calvaire pour lui. Note pour vous chères lectrices, ne jamais proposer du paddle à un alcoolique, même sportif. L’équilibre ça ne pardonne pas l’alcool.
Il conclut notre aventure en disant que je mérite mieux que lui. Je ne m’accroche pas, il a raison. J’ai le syndrôme du Sauveur, mais quand même pas à ce point.
Revenons à Valentin…
Valentin peut-il devenir fréquentable?
Au réveil, Valentin, lui, est vraiment mal à l’aise et probablement honteux. Il me prend dans ses bras sans un mot. Il transpire toujours l’alcool. Je sens qu’il ne sait pas quoi faire ni dire. Il tente une approche sexuelle. Sic. Très mauvaise pioche. Là, je vois que j’ai mûri, car je n’ai aucun mal à lui dire gentiment « pas moyen ce matin ». Il comprend et suggère plutôt un café. Ben, voilà, c’est beau un homme qui connecte ses neurones et redevient lucide. J’ajoute « avec des pancakes aux myrtilles mon chou » . Sa maison est vide, il comprend la blague. Il m’offre un café dans un verre à pied. La maison est vide, mais l’essentiel est là, donc, des verres à pied. Misère.
Je lui demande sans agressivité, s’il souhaite parler maintenant. Il s’excuse de nouveau d’avoir été si fatigué hier. Je lui fais remarquer que le problème n’était pas la fatigue. Il concède assez facilement qu’il était ivre, que son divorce est excessivement pénible et que l’alcool lui apporte régulièrement la légèreté dont il a besoin. Je l’ai vu assez souvent pour espérer qu’il ne soit pas dépendant à l’alcool, mais je refuse d’être en contact avec un homme ivre. Ivre, Valentin n’est pas le même : je ne reconnais ni son corps, ni son odeur, ni son regard, ni ses paroles, ni ses caresses.
Valentin sera-t-il assez fort pour s’extraire du cercle vicieux de l’alcool et nous donner une chance ? C’est probable mais je suis réaliste : son environnement amical, familial et professionnel l’encourage à une forte consommation. Je repense aussi aux nombreux SMS où il s’est excusé de devoir couper tôt, trop « épuisé »…était-il soul à chaque fois?
Et vous, mes Desperate-quadra ?
Je suis soulagée de rentrer chez moi. Je prends une longue douche. J’éprouve même le besoin de me laver les cheveux tellement je me sens salie par l’alcool et humiliée. Et, je démarre ma journée sur mon mac pour écrire sur mes rencards les plus minables, comme pour les conjurer.
Et vous, les Desperate, dites moi en commentaire, c’étaient quoi les ingrédients de vos soirées amoureuses les plus minables ?
Myriam.
Hum, la pire soirée, sur la thématique des relations foireuses et des ravages de l’alcool… Je préfère rester anonyme hein ! ça commençait bien, petite soirée de prévue avec quelques amis chez moi, pour le nouvel an. J’étais en couple (libre), depuis peu, avec un type absolument génial et qui avait bien la tête sur les épaules, pas du tout dans l’excès de substances, c’est important de préciser. Les amis arrivent, les potes ramènent des potes. J’avais demandé à ce que l’on ne fume pas à l’intérieur, mais rapidement un nuage de fumées diverses plane et les gens sont un peu défoncés, ça les fait marrer que je râle. Mon mec me dit que c’est rien, ok, je me détends. Ça picole, ça fume, ça crie, pas vraiment la soirée prévue. Une nana trop belle arrive, une amie d’une bonne amie à moi. Elle vient discuter avec moi, on fait connaissance, et tout d’un coup, comme ça, elle me demande si elle peut m’embrasser. Je suis absolument hétéro mais j’accepte. Elle est adorable. On passe un moment ensemble. Elle fume, picole, fume, picole. Je lui fausse compagnie car ce drôle de mélange n’est pas du meilleur effet. J’arrive dans la salle de bain dans l’espoir d’utiliser les toilettes, des mecs que je ne connais pas sont en train de se faire des rails de coke sur ma machine à laver, et me précisent gentiment qu’ils m’en ont gardé un. Sympa. Je vois un espèce de travesti hyper maquillé en bas résilles dans ma baignoire. C’est mon ex, furax que je sois sortie avec la nana qui l’a rembarrée quelques semaines avant. Haaaaa je savais pas ! 4h30 du matin, moi qui suis une mamie couche-tôt, je n’en peux plus. J’essaie vainement de foutre tout le monde dehors, impossible, plus personne n’a un esprit fonctionnel. Il y a une piscine de rhum dans le salon, on manque de rester accrochés au sol à chaque pas tellement que ça colle. Mon copain, sympa, s’amuse de tout ça… Quelle résilience, je suis à deux doigts d’appeler les flics mais je ne peux pas vu la quantité de substances étranges que ma maison doit renfermer. Il me propose d’aller dormir chez lui. Je hurle que je passe le lendemain à midi et que l’appart a intérêt à être nickel. Je me sens absolument nulle et impuissante. Et comble du désastre, je ne peux même pas dormir chez moi !
Ahhhhhhhhh !!!!!! Ah oui là « anonyme », tu as fait pire je crois !!!! si tu veux écrire un article pour nous raconter cela n’hésite pas ! Tu t’es laissée complètement dépasser par la situation. Je crois que ça nous arrive toutes en fait à un moment ou à un autre 😉 Merci pour ton témoignage. ça me réconforte de voir que d’autres font pire!