Homosexualité après 40 ans: un séisme inattendu à transcender

L’homosexualité ? Jamais elles n’auraient imaginé être concernées un jour. Après une première longue relation hétérosexuelle, il n’est pourtant pas rare de changer d’orientation sexuelle. Le traumatisme est violent pour la personne concernée, mais aussi ses proches, ses enfants. Tout le monde souffre, au début, dans cette histoire d’amour. Cependant, la sensation de liberté et d’accomplissement qui peut en émerger est à la hauteur du traumatisme initial. Témoignages pour ouvrir nos esprits, vivre dans une société plus tolérante et soutenir celles et ceux qui traversent la tempête.

Gabrielle, homosexualité charnelle

D’un couple hétéro…

Je commence par Gabrielle. Ce fut la première. Gabrielle s’est séparée une année avant moi du père de ses enfants. Lui, CRS testostéroné. D’un autre côté, sans testostérone, je déconseille de faire ce choix professionnel. Son CRS avait toujours été drôle et sympathique, caricatural, avé l’accent du sud et je comprends en quoi il l’avait séduite. Avec le temps, il était surtout devenu macho, passionné de jeux vidéos et trompant allègrement Gabrielle en fin de relation, avec une gogo danseuse ! Le cliché parfait ! Aucun jugement là-dessus de ma part. Les fins de relation ne sont pas enviables. Je crois qu’il voulait surtout précipiter la fin.

Ma Gabrielle s’en est plutôt bien remise, tout en s’engageant dans une séparation très conflictuelle. Un an après, nous nous croisons, elle tient à me présenter quelqu’un. Et fait son coming out. Le quelqu’un était quelqu’une et elles semblaient extrêmement amoureuses. Il y a des regards qui ne trompent pas. Banale histoire ? Mais non ! Je connais Gabrielle depuis le collège. Je sais tout de sa vie intime et je sais pertinemment qu’elle n’a jamais été attirée par les femmes. Envieuse, jalouse et admirative de leurs corps, complexée par le sien, ça oui, elle l’admet volontiers. Mais elle n’avait jamais été séduite que par des hommes par le passé. Elle ne s’était jamais posée la question de l’homosexualité.

…à un amour saphique

Nous avons beaucoup discuté de son identité sexuelle. Pour elle, il n’ y a aucun débat. On ne choisit pas de qui on tombe amoureuse. Et c’est socialement plus simple d’aimer un homme, particulièrement quand on a des enfants jeunes, quand on dépend beaucoup de ses propres parents, et que de surcroit, on est en conflit violent avec son ex, CRS et je le rappelle macho testostéroné. Je me suis toujours amusée à me dire qu’elle s’était précisément mise en couple avec une femme pour l’atteindre dans sa virilité : « tu vois après 15 ans…je te remplace par une femme ». Castration psychologique. Enfin, analyse de comptoir surtout. Je ne suis pas psy, vous l’avez compris.

Gabrielle, elle, m’a confié que la bascule s’était en fait surtout enclenchée de manière charnelle. Après des mois de frustration sexuelle en fin de relation, sa libido avait littéralement explosé en même temps que son couple. Une amie homosexuelle l’avait alors soutenue, à titre purement amical. Cette amie ne voulait d’ailleurs plus sortir avec « des hétéro qui tentaient l’expérience avec une femme », trop douloureux. Mais la libido exacerbée de Gabrielle avait fait le reste. Les rapports entre les 2 femmes étaient devenus sensuels, puis s’étaient mués en amour véritable. Elles sont toujours ensemble, des années après.

Katell, tombée amoureuse d’une femme

Je connais peu Katell, mais elle parle volontiers et sans tabou. J’admire sa liberté de ton. Je l’ai rencontrée lors d’un évènement entre amis. Nous sommes partis à une vingtaine en week-end. Je ne la connaissais pas. Nous papotons. Et elle me confie de suite qu’elle hésite à reprendre une relation avec une femme qu’elle a aimée par le passé. Inutile de vous en dire beaucoup plus, les mots sont les mêmes que ceux de Gabrielle. « J’étais en couple depuis des années avec un homme que j’aimais. Nous allions fonder une famille. J’ai croisé Virginie. Je suis tombée amoureuse d’elle. J’ai tenté de lutter parce que ma vie parfaite était déjà toute tracée ». Mais on ne choisit pas de qui on tombe amoureuse. Je ne suis pas homosexuelle, je suis amoureuse. Encore une.

Katell a eu le courage de faire son coming out auprès de ses parents. Sa mère a eu uniquement ces mots « alors, je ne serai jamais grand-mère! ». Monstre d’égoïsme. Palme d’or de la plus mauvaise réaction possible, mais néanmoins de la plus courante, je pense! Je l’ai déjà entendue, de la bouche d’une mère cette fois, dont le fils venait de lui révéler son homosexualité. Note aux parents qui me liraient. Si votre enfant est assez proche de vous pour vous confier son homosexualité, ne le décevez pas. Une seule réaction est possible. Le prendre dans vos bras, si vous n’êtes pas capable de lui dire que vous l’aimez inconditionnellement.

Éric, quitté par sa femme devenue lesbienne

J’ai rencontré Éric, un été, en randonnée. Bel homme, sensible, intelligent et plein d’empathie. Il avait tout pour me séduire. Il me prévient d’emblée. Je n’ai rien à t’offrir. Je ne veux pas de relation exclusive. Comment vous dire que c’est la norme, en fait, à notre époque? J’accepte donc en connaissance de cause, de passer quelques soirées sans enjeu chez lui.

Au lit, il est brillant. Tout pour sa partenaire. Très à l’écoute, excellent technicien. En dehors de l’impression désagréable d’être la 1 386ème femme dans son lit depuis sa séparation, rien à redire. Plus je jouis, plus il prend son pied. Comme ça me surprend, il se justifie. Sa femme a toujours été frigide. Elle l’a quitté, sans heurts, quelques années auparavant pour une amie commune du couple, dont elle est tombée amoureuse subitement. On ne choisit pas de qui on tombe amoureuse. Tiens donc.

Lui avait essayé pendant des années de lui procurer du plaisir dans les relations intimes. Sans succès. Et chaque fois qu’il faisait jouir une femme, désormais, il se réparait. J’ai compris que ma vie sentimentale tournait franchement au fiasco, un soir où, attachée dans son lit, Éric, la tête entre mes jambes, m’a susurré… »j’essayerais bien avec un homme au moins une fois dans ma vie! ». Ahhhh, l’homosexualité questionne donc les hommes aussi ! On revient à l’analyse de comptoir… J’ai repris un verre de vin, un rendez-vous chez ma psy et mis un terme à cette relation sans avenir. Desperate-quadra, je vous dis.

L’homosexualité assumée peut-être l’occasion d’une meilleure affirmation de soi

Clarisse, l’homosexualité comme affirmation de soi

L’étincelle pour écrire sur l’homosexualité

Voilà le témoignage que je souhaite mettre à l’honneur et qui a été le déclencheur pour écrire cet article. Je ne connais pas Clarisse personnellement. Nous sommes formées par le même « gourou » pour notre activité sur le web. Vous savez sans doute que j’ai une autre activité fort respectable sur le web, rien à voir avec Desperate-quadra ! Pour m’aider à la développer, je me suis offert un accompagnement premium cette année.

Donc pour vous situer la scène, notre formateur nous incite à nous présenter en vidéo, les uns aux autres, sur le versant professionnel of course! Nous ne nous connaissons pas et nous allons passer un an ensemble, l’exercice est assez stressant. Nous avons tous déboursé 5000€ pour cet accompagnement et par exemple, moi, je ne me sens pas à la hauteur du reste du groupe, donc je fais une vidéo bien consensuelle!

Quelques jours après, Clarisse écrit une petite bombe, avec un courage de dingue. Voici son texte de présentation, tel quel.

Le témoignage de Clarisse

« Se présenter est toujours pour moi un grand défi. Je me botte les fesses pour faire cet exercice à l’écrit. La vidéo est encore pour moi difficile. Je m’appelle Clarisse, j’ai 52 ans. J’ai trois enfants. J’ai rencontré le père de mes enfants à 21 ans et sommes restés ensemble 28 ans, dont 23 ans mariés.

Ma vie a basculé en 2018 lorsque, contre toute attente, je suis tombée amoureuse d’une femme, à un moment de ma vie où tout était chaos autour de moi : un associé qui dilapidait la société que j’avais fondée, une faillite financière à cause de ce dernier, un époux qui se laissait porter depuis de nombreuses années et qui, stressé par le fait que je ne pouvais plus me rémunérer, me mettait une pression folle, alors que j’avais besoin précisément d’être épaulée.

Aimer une autre femme …Un séisme pour moi. Incompréhensible. Tellement peu probable…Une épreuve bien sûr, qui a été douloureuse dans la rupture de mon couple. Colère d’incompréhension dans les yeux de mes enfants. J’ai été séparée d’eux pendant de longs mois. Et le calme revient toujours après la tempête. Je me retrouve enfin. Je m’autorise à vivre ma condition de femme en toute simplicité, sans ambages, sans costume, sans rôle à jouer. J’ai retrouvé ma féminité et ma sensibilité de femme, je m’autorise à pleurer, à exprimer mes peurs, mes émotions.

J’ai retrouvé dans les yeux d’une autre femme la complicité de deux cœurs qui se comprennent d’un simple regard. Je me sens alignée avec moi même et chaque jour davantage en réconciliation avec moi même. J’accepte mon corps que j’ai malmené pendant tant d’années. Je prends enfin soin de moi. Je fais de mon mieux et réalise de grandes avancées même si le chemin est encore long. Les épreuves de la vie nous font grandir et nous rendent aussi plus fort.

Après avoir donné ma société à mon ex associé pour retrouver ma liberté et payé toutes les dettes qu’il avait générées, j’ai redémarré de zéro en 2020. Mes spécialités: l’assurance et le conseil en ingénierie patrimoniale. J’ai beaucoup travaillé sur l’assurance pour pouvoir rapidement me générer un revenu, mais disons que ce n’est pas ce qui me fait kiffer…J’ai un site qui fonctionne bien. J’accompagne aussi quelques familles très fortunées dans l’organisation de leur patrimoine. Aujourd’hui je souhaite porter ma voix, mes connaissances et mon expérience au plus grand nombre. Je souhaite aussi créer un 2eme blog intitulé “les femmes invisibles”, un espace d’échange et de partage pour toutes ces femmes qui aiment les femmes. J’ai déjà structuré ce blog dans ma tête et ai rédigé quelques articles mais le blog n’est pas fait. »

Homosexualité : favoriser l’acceptation, la tolérance et l’épanouissement

Et bien voilà, Clarisse, ton premier article pour soutenir les « femmes invisibles » est en ligne sur Desperate-Quadra ! Ton parcours est très inspirant et je le redis, tu fais preuve d’un courage incroyable en témoignant aussi librement dans ce contexte professionnel. Bravo, je suis admirative. Je n’ai pas vraiment hésité à publier ces témoignages, j’espère juste qu’ils ne sont pas trop maladroits. Je débute dans ce style d’écriture.

J’espère en fait que ces récits sont susceptibles d’aider des femmes et des hommes qui se sentent isolés. Je crois sincèrement que ce sont des situations fréquentes. Quand on commence à briser ses chaines à la quarantaine, on ne s’arrête plus et la norme sociale de l’hétérosexualité vole en éclat avec tout le reste ! Et pour conclure cet article en mode Desperate, il faut que je vous avoue… toutes, revendiquent désormais la sexualité saphique comme supérieure à l’hétérosexualité… hummm…. ça méritera un nouvel article, c’est évident!

Et vous, dites moi en commentaire, vous êtes vous déjà questionné sur votre identité sexuelle? Avez-vous déjà été perturbé par le coming out d’un proche?

Myriam

Suite à la publication de cet article, j’ai été sensibilisée au harcèlement, notamment en ligne, dont est victime la communauté LGBTQ+. Je cite : « dans un monde idéal, la communauté LGBTQ+ n’aurait pas un risque accru en ligne et se sentirait libre de s’exprimer comme elle le souhaite. Malheureusement, les normes sociales ne changent pas assez vite et nous avons encore beaucoup de chemin avant d’y parvenir. Ce qui signifie malheureusement que la communauté LGBTQ+ doit faire très attention, surtout en ligne ».

Voici un guide plein de conseils pour se sentir en confiance sur le web ou conseiller votre enfant.

4 réflexions sur “Homosexualité après 40 ans: un séisme inattendu à transcender”

  1. Bravo pour cet article qui montre que tout le monde peut se rendre compte que finalement, il n’est pas attiré que par le sexe opposé. Si seulement on avait plus peur de l’homosexualité, la vie serait beaucoup plus simple. J’ai toujours laissé cette ouverture à ma sexualité dans mon esprit, mais je n’ai jamais eu de désir pour le même sexe que moi. Un jour peut être. En tous cas ça ne me fait pas peur.
    Sinon j’ai rit pour la description de l’homme testostéroné passionné par les jeux vidéos. Je suis passionnée par les jeux vidéos, mais je ne trouve pas ça péjoratif, bien au contraire. Il y a tellement de jeux vidéos différents que tout le monde peut y trouver son compte : le/la romantique qui aime les univers poétiques et subtiles, ceux qui sont plus intellectuels, ceux qui veulent juste se défouler, ceux qui veulent y passer des heures pour se plonger totalement dans un autre univers, comme un voyage, d’autre voudront y passer seulement 5 minutes avec un petit jeu adapté. Bref, ça m’a fait rire car les clichés sont toujours là malgré la démocratisation du jeu vidéo depuis ces 20 dernières années.

    1. Bonjour Flore, merci pour ton commentaire! Comme tu l’as compris ce site ne se veut pas objectif! Mauvaise foi de mise même ;-). C’est donc le cas pour les jeux vidéos aussi! N’empêche que c’est un problème de couple que beaucoup de mes copines soulèvent. #jalousedefifa

      1. Je peux comprendre, si ça n’est pas une passion commune que cela peut briser des couples. Je pense que soit il faut accepter et peut être même s’y intéresser (pas forcément sur le même genre de jeux, car qu’on se le dise, Fifa c’est pas toujours le jeu le plus passionnant, ça dépend des goûts, moi j’aime pas perso :p), soit et bien peut être s’en éloigner ?
        Car pour moi c’est une passion, et si on aime vraiment la personne on accepte que cette passion prenne de la place dans sa vie.
        C’est un peu comme dire à un amoureux des livres, d’arrêter de lire, c’est un peu triste je trouve.

        1. Ahhhh ma chère Flore ! le problème c’est quand cette passion prend le pas sur le reste…Au hasard, qui s’occupe des enfants pendant que Monsieur joue à Fifa … ou lit? …ou que madame regarde sa série? ou fait son sport ou sa manucure? Histoire d’être bien dans les clichés;-). Donc le problème n’est pas la passion de l’autre mais la place qu’elle prend au sein du couple d’abord, puis ce qui va être très dur à gérer c’est au sein de la cellule familiale, mais tu as raison, au même titre que n’importe quelle passion ou occupation professionnelle.

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