Solitude, quand tu me tiens!

Moi dans 20 ans? (J’ai fait mumuse avec l’IA, rassurez-vous cette dame tristissime n’existe pas!)

Ma Solitude, mes enfants et moi

Nous sommes dans une sandwicherie sur une aire d’autoroute du Sud de la France. Je suis seule avec mes enfants de 11 et 14 ans, en route pour de nouvelles vacances. Je ne peux pas dire que je sois enchantée du programme. Je viens de traverser une période professionnelle extrêmement éprouvante. Je suis épuisée et n’aspire qu’à me reposer.
Je rêve d’un transat et d’un livre sous le doux soleil d’avril.

Je n’ai pas eu le temps de chercher des vacances, ni de les organiser, alors j’ai simplement réservé un mobil-home dans un camping 5 étoiles, mais je n’avais pas envie d’être seule avec mes enfants, seule une fois de plus.
Aucune amie n’était disponible, Jules non plus. Je frime avec mon Jules, mais Jules ne connait toujours pas mes enfants, on est plus proche du Sex friend que du beau père en toute honnêteté !
Donc, j’ai préféré partir quand même, bien accompagnée de ma solitude.

Mes enfants se chamaillent, comme tous les enfants, pour le choix du sandwich (« tu fais le pire choix ! ») et nous nous asseyons. Le lieu est bondé, la table sale, la lumière agressive. Et il pleut. Pluie annoncée toute la semaine!
Mon rêve de transat sous le doux soleil d’avril s’éloigne.

Je suis donc d’humeur maussade.
J’en ai assez de passer des vacances seule avec mes enfants.

« Elle me fait de la peine cette dame », dit mon fils en hochant la tête vers une femme seule et en me sortant de ma rêverie. Je suis étonnée qu’il l’ait remarquée. Cette brave dame est pourtant quasi invisible dans ce hall bondé. La soixantaine, elle est en surpoids, recroquevillée sur elle-même, luttant contre une alopécie marquée en croisant ses mèches de cheveux. Elle est assise seule et finit son repas en mangeant une tartelette. Elle a les yeux dans le vague et est totalement inexpressive. Même sa tartelette ne lui arrache pas la moindre expression de joie.

D’abord, je suis agréablement surprise par mon fils.

Je suis fière de sa sensibilité. Il aurait pu se moquer de cette dame (de ses cheveux, par exemple), mais non, il exprime son empathie. Je le fais réfléchir : « Tu projettes qu’elle est triste car son expression est neutre. Regarde aussi ses lèvres qui forment naturellement un sourire à l’envers, ce qui lui donne cet air déprimé. Mais observe le temps qu’elle met à manger sa tartelette… Si ça se trouve, elle savoure l’instant. Personne pour l’embêter. Elle apprécie le goût. Elle prend son temps. Elle s’offre un petit plaisir ! »

« Ouais, ben vu son poids, elle ferait mieux de ne pas savourer trop souvent », lance ma fille, toujours aussi peu nuancée. Je lui ai déjà expliqué mille fois que c’était un argument simpliste… je sais qu’elle me provoque en bonne adolescente. Je ne renchéris pas sur cet aspect.

Je les provoque aussi. « Cette dame avec sa tartelette, c’est votre mère dans 10-15 ans ! Vous serez partis. Et je serai toute seule sur une aire d’autoroute à manger une tartelette en douce en me rendant à mon camping 5 étoiles. »

Ma fille : « Mais non, ça ne va pas maman ! Jamais tu ne ressembleras à cette dame ! Et toi, tu seras avec ton MacBook en transit à Bangkok, pas sur une aire d’autoroute minable. »

Elle me remonte le moral avec cette affirmation, mon fils me fait un câlin. Il mime une dame qui s’étouffe avec sa tartelette. Nous éclatons de rire.
J’aime la vie avec eux. J’aime leur spontanéité, leur mauvaise foi et leur vivacité.
Ils me raccrochent indéniablement à ma joie de vivre.

Non, je ne suis pas seule.
Je suis entourée de mes deux phénomènes tonitruants, plein de vie.
J’ai une vie différente de la norme, c’est tout.
Une vie que j’ai construite, que j’aime et qui n’a pas pris la tournure escomptée.

À deux, c’est forcément mieux !

À deux, c’est forcément mieux? Parlons-en!

Je suis fan d’une psy youtubeuse dans le domaine de la love story, et elle tord le cou à cette idée reçue. Ben non, à deux, c’est pas forcément mieux ! Il y a des couples qui s’enfoncent mutuellement.

Elle prend comme exemple commun, la randonnée. Tu peux rêvasser à ta joie de partir en rando avec ton Jules, de passer un temps précieux et connecté avec lui, en lien avec la nature de surcroît et fantasmer sur une journée forcément propice à la discussion profonde.
Et la réalité ? Jules se perd, Jules a mal aux pied ou au genou, Jules marche plus vite que toi et ne t’attend pas, Jules râle pour le pique nique, Jules a soif …enfin tu vois le concept, déclinable à l’infini. Finalement, la même rando avec les copines aurait été tout aussi agréable (parce que toute seule, moi, je serais de fait définitivement perdue dans la garrigue).

Ce concept est applicable au mythe du resto en amoureux. Qui peut être très agréable. Ou très frustrant.

J’ai donc appris depuis longtemps à développer des ressources externes autres qu’avec mes Jules : le troupeau de copines, un club de parents monoparentaux bon vivants, un réseau d’amis infopreneurs, je suppose que pour beaucoup de personnes solo, cela peut être la famille aussi, la mienne ne m’est d’aucun soutien.

Mais j’ai surtout appris à développer des ressources internes. J’apprécie mon temps libre, seule, je sais m’occuper, me passionner. Par exemple, j’aime sincèrement écrire dans ce blog, particulièrement quand j’ai un problème à résoudre. Actuellement, je lis sur le marketing digital et sur l’utilisation des rêves pour la gestion des émotions (aucun rapport). Je fais du sport et du yoga, je médite.

Alors, il est où le problème ma petite dame à la tartelette?
C’est quoi ce coup de spleen sur cette aire d’autoroute?

C’est la faute de Jules si je me sens seule!


Comme tu le sais, chère lectrice, cela fait maintenant 2 ans que j’ai trouvé le Jules parfait, après un nombre conséquent d’essais erreurs. Alors attends, quand je te dis parfait, bien sûr, je ne suis plus une gamine, je pense « suffisamment parfait » pour combler mes attentes de base : à savoir un vrai mâle alpha, nettement plus intelligent que moi et capable de vulnérabilité et de connexion à ses émotions. Ajoute à cela une pincée d’entrepreunariat, dans un domaine que je ne connais pas et que je découvre avec lui et saupoudre le tout de l’exotisme de sa nationalité et de son accent ! Et hop…
Voici le Jules suffisamment parfait pour envisager que ce soit le dernier.

Ce Jules me fait donc littéralement craquer, mais la relation avec lui est invivable et source de tellement de frustrations! Nous avons mis 18 mois à trouver un équilibre, à caler nos agendas de garde d’enfants et à réussir à passer du temps de qualité ensemble régulièrement. Pour que tout s’effondre. Juste avant mes vacances.
La cause est toujours la même, j’ai nommé …son ex ! , violente et malade psychiatrique. J’ai vécu cachée comme une maîtresse pendant des mois. J’ai accepté cette situation dans la douleur et la peine pour cet homme suffisamment parfait et puis… patatras…l’énième violence, la plainte, le juge aux affaires familiales et mon Jules, qui se voit attribuer la garde exclusive des enfants, dans une vie déjà débordante. Les enfants 24/24, 7/7, l’intégralité des vacances scolaires.

Je ne sais même pas contre qui je dois être en colère? La justice protège les enfants. Le père protège les enfants et essaie de les ramener à une vie plus légère et joyeuse. Et moi? Retour brutal à la solitude. Finies les escapades à 2 tous les quinze jours. Je bouche les trous dans son agenda qui déborde. Je dois me contenter de miettes, alors que j’avais enfin trouvé un Jules avec qui à 2, c’est beaucoup mieux.

Je me sens coincée, impuissante, sans visibilité. Je sais vivre seule. J’ai des ressources. Mais je dois faire un deuil, celle de la relation.
C’est une rupture brutale, pas du lien qui nous unit, mais dans notre rythme de vie.
Et c’est souffrant.

Le lien avec cet homme est très beau, très puissant. Mais la relation est horrible. On se croise une heure par ci, 2 heures par là, sans jamais rien pouvoir prévoir. Lisez aussi « Tu veux des lasagnes? ».
Je me sens tellement mal.
J’ai parfois la tentation de mettre un terme à cette relation faite de miettes et de retrouver une vraie possibilité de vivre, là où je ne fais qu’attendre.

Je me rassure en écrivant cet article et en m’amusant avec l’IA. Il est quasi minuit, j’attends que mon ado rentre de sa soirée, j’entends mon fils ronfler paisiblement dans la chambre voisine du mobile home.

Me voici dans 20 ans, en transit à Bangkok, toute seule avec mon Mac et ma tartelette.

Mes photos font bien rire ma fille à son retour.
Elle me trouve douée et s’amuse que sa mère fasse des trucs aussi stupides à son âge.

Bonne nuit chérie.
Non, je ne suis pas seule.
Je suis à trois, et j’assume mes choix.
Myriam

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